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PHOTOGRAMMES

 

Avec Cléo Verstrepen

Installation

Pop-up Art Fair, Kyoto

2017

 

Cette installation a été réalisée à l’invitation de la Pop-Up Art Fair de Kyoto pour la monstration de la première série du projet Photogrammes. Le dispositif innerve la matrice de cette production, à savoir les vingt-quatre exemplaires à tirage unique présentés à même un sol brut. Les livrets affichent des couvertures semblables et questionnent leur objet même en invitant les visiteurs à se pencher vers eux pour en cerner les différences et à déranger leur ordre apparent, enclins à l’interaction, à la lecture et, ainsi, au déclenchement théorique de l’ensemble de l’installation. Jaugeant la frontière entre permanence des temps et nécessaires modifications de ceux-ci par le regard des spectateurs, l’économie de moyens de l’installation se déploie autour d’une échelle apparemment réduite à un détournement de son usage, ne servant plus que de support à des câblages, à un casque, à un vidéoprojecteur et à un ordinateur. Ce dernier, ouvert au public, diffuse une captation en direct du croisement de Shibuya, à Tokyo, unité de lieu de la saisie des séquences utilisées et décrites dans les livrets. Face à lui, la même scène chronique et organique est projetée sur toute la largeur du mur opposé, dans une configuration plus trouble et sensible aux interventions extérieures, l’image révélée à mesure que la lumière faiblit dans la galerie et ombrée au gré du passage des spectateurs dans le faisceau du projecteur. Enfin, un casque reposant dans un équilibre fragile au sommet de l’échelle permet au spectateur, mobile et autonome, allant d’une projection à l’autre, d’écouter la phrase fragmentée dans les livrets intelligiblement récitée en français, anglais puis japonais, avant que la parole ne se fragmente peu à peu et que les voix se superposent jusqu’à perdre le spectateur dans une nasse confuse. La réalité décrite dans sa momentanéité et consciente des forces que contiennent ses instants est ainsi diffractée dans un ensemble de médiations qui, plus que d’une pure volonté de trouble, tendent surtout à laisser honnêtement champ libre au spectateur, à se déplacer dans cet espace et à osciller entre ses multiples niveaux de représentation, logicielle, troublée, récitée ou ébruitée. Ainsi, revenant toujours au cœur de l’ensemble et aux livrets supports de cette démarche relationnelle et participative, le spectateur peut choisir le prisme de compréhension, par hasard ou à force de patience, qui lui permettra de situer son regard face à ce temps ralenti, de dompter ses imminences pour en modeler le devenir, afin de s’adonner par usage à cet exercice de paraphrase, collectivement et dans le temps, sur cette scène infiniment dérivée, dupliquée et répétée face à lui, et d'ainsi interagir avec le réel en usant de la description comme d’une force de fiction.

 

https://photogramsproject.tumblr.com/

 

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